Chapitre 1, Les Émerveillés,
PIERRE LOTI.
« C’était le même sol exquis, où partout effleurait la pierre grise et où ne croissaient que des plantes délicates des lieux secs, les tapis de lichen, les graminées d’une impalpable finesse qui font comme une petite vapeur épandue sur la terre, et les orchidées dont les fleurs ont l’air de mouches en velours grimpant le long d’un brin de roseau. »
Il s’agit bien évidemment des Ophrys mouche (anciennement Ophrys myodes, aujourd’hui Ophrys insectifera), et pour qui a jamais aperçu dans les sous-bois cette délicieuse merveille, quelle expression plus jolie que « ces petites mouches en velours grimpant le long d’un roseau » ?
Elles sont éparpillées sur leur tige, c’est vrai, elles semblent grimper, c’est vrai, elles paraissent vivantes, c’est vrai, et chaque fois que j’en vois, dans leur petitesse, dans leur modestie, mais aussi leur défi, je suis prise d’une émotion intense, une fébrilité, comme si j’assistais à un mystère.
La chasse à l’orchidée est une affolante aventure. On ne s’ennuie jamais. Dès que le printemps pointe, un sixième sens se réveille, se met en alerte. L’esprit se branche sur la notion d’orchidée.
Et le moindre déplacement, le moindre voyage réserve des surprises.
Il peut même arriver à l’amateur d’orchidées de découvrir des spécimens rares dans les endroits les plus incongrus comme les anciennes carrières ou les périphéries des villes, même parfois entre les pavés des cités, comme Théodore Monod ou André Dhôtel autrefois à Paris.
Nous le verrons plus tard.
source http://www.pascaledetrazegnies.com/Site_Pascale/Extrait_O_Orchidees.html